Ah ! La banane… dans un inconscient collectif outre-atlantique, elle a été sexy avec Joséphine Baker, réconfortante avec Banania, (la première image de la marque était d’ailleurs une Antillaise dessinée par H. Tishon avant d’être celle d’un soldat sénégalais), Split, si on en croit la chanson de Lio, et même sans début ni fin, comme dans cette pub des années 80 où on nous conseille de " la manger par les 2 bouts" !!! Mais la banane, ne se résume pas à la variété banane dessert que l’on trouve couramment sur les étals et qui s’exporte à travers le monde. La banane est multiple. La banane est fruit mais aussi légume ou alors simple fleur quand elle décide de pointer bien droit vers le ciel ses pétales aux teintes rosées.
Ici, aux Antilles, on consomme couramment la banane. D’ailleurs, qui n’a pas dans son jardin son plant de bananier ? La banane fait partie du paysage. La banane fait partie de l’histoire, de l'économie et de la gastronomie des Antilles. Elle se retrouve en effet souvent dans nos assiettes. Elle s’appelle alors ti nain quand on l’accompagne d’un morceau de morue au petit-déjeuner pour démarrer une journée de dur labeur, on la choisit jaune pour la faire gratinée et accompagner un poulet bien grillé, elle est homonyme du mot dessert quand elle se flambe avec une pointe de rhum… elle se fait petite ou fressinette pour se glisser dans un morceau de pain pour le goûter après le retour de l’école ! Alors, oui, ici, la banane on connaît ! Ou du moins, c’est ce que l’on pense… Comment vous aussi vous doutez tout d’un coup ? Ok, j'ai la solution ! 😉 Faites comme moi : si vous voulez enrichir vos connaissances, une visite au Musée de la banane à Sainte-Marie s’impose ! J’ai embarqué ma petite troupe pour une balade sous les plus grandes herbes du monde. (Car oui, le bananier n’est pas un arbre mais bien une herbe géante qui peut atteindre, aux Antilles, 5 à 6 mètres de haut !) Alors, suivez-moi…
Le Musée se situe un peu en retrait de la commune de Sainte-Marie, un peu plus loin à l'intérieur des terres, juste après la Distillerie Saint-James. La visite commence par le musée ou de très beaux panneaux bien illustrés nous permettent d’en savoir plus sur cette plante herbacée de la famille des Musacées. Cette exposition permanente aborde le monde extraordinaire de la banane à travers l’histoire, la botanique, la culture. Les textes ne sont pas très longs, traduits en plusieurs langues, ils sont précis et invitent agréablement à la lecture.
La visite continue ensuite dans un parc où 60 variétés de bananes sont présentes. C’est étonnant et enrichissant de pouvoir ainsi les comparer. Les grosses, les petites, trapues, dodues, même les « troncs » ont aussi une palette de couleur à offrir. Au fil du parcours sur un chemin bétonné, grâce à des panneaux placés aux pieds des différentes variétés, on fait ainsi connaissance avec la banane argentée, la banane M’Bouroukou, la Serpent, la Kankambou, la Yangambi d’Indonésie, la Pisang Lilin, la Grande Naine, la banane Corne, ou encore la Figue Oiseau… A chacune sa fleur, son régime, sa taille, sa beauté… On s’amuse à les comparer les unes aux autres, on déambule tranquillement sous les grandes feuilles vertes de ces herbes aux fruits lourds et charnus.
Presqu’une heure plus tard, à la fin du parcours, ponctué aussi de balisiers, alpinias et roses de porcelaine, on peut faire un tour dans la petite boutique pour acheter des produits confectionnés à partir de banane et venant de toute la Caraïbe : liqueurs, confitures, chips de plantain natures ou épicées et même vin blanc moelleux et ketchup de banane !… Le choix est varié et on se laisse facilement tenter à essayer ces nouvelles saveurs.
Et, puisque l’appétit a été aiguisé, on s'installe en toute logique à la terrasse du restaurant La Bananeraie pour une pause gustative avec vue sur le site. L’accueil y est agréable. Au menu, des classiques revisités avec… de la banane ! 😛 Un pari tenu et réussi. On est venu pour la découvrir alors on joue le jeu à 100 % et on ose un cocktail alcoolisé (ou non) avec… de la banane, que l'on savoure avec des accras de morue… aux ti-nain, puis c'est au tour du velouté de patates douces, lambis et… ti-nain (un pur délice !). Le mille-feuille de banane a bien sûr trouvé lui aussi sa place (en réalité une revisite des lasagnes, les pâtes sont remplacées par des bananes jaunes) et on termine, sans surprise, par la classique banane flambée… . Un menu gourmand avec de belles assiettes colorées, créatives et délicieusement savoureuses.
Pour conclure ce post, je partage avec vous ce proverbe créole :
" Fô pa ou palé bannan mal anba balizyé. "
(Il ne faut pas dire du mal de la banane sous le balisier.)
Il ne faut pas médire des gens en présence de leur proche.
Plus d'infos aussi sur le site du Musée de la Banane : http://museedelabanane.fr/home/